(CercleFinance.com) - Si le '10 ans' américain a peu réagi au discours de Jerome Powell mercredi soir, il n'en va pas de même de ce côté-ci de l'Atlantique.
C'est même le 'grand écart' puisque les T-Bonds se détendent de -6Pts en fin d'après-midi vers 3,443% contre 3,503% en début de journée.
Inversement, nos OAT se tendent de +16Pts vers 2,577% et l'équivalent allemand bondit de +15Pts de 1,935% vers 2,0850%, les BTP italiens affichent +20Pts vers 4,155%, les Bonos espagnols +18,4Pts vers 3,1520%.
la BCE a délivré un discours très 'faucon' concernant la lutte contre l'inflation: la modération attendue n'est clairement pas l'option retenue.
Christine Lagarde revoit à la hausse les prévisions d'inflation pour 2023 (à 6,3%, avec des effets de second tour sur les salaires, elle reculerait à 3,4% en 2024 et 2,3% en 2025) et abaisse en parallèle les prévisions de croissance (de 0,9% à 0,5%) pour l'an prochain... mais la patronne de la BCE veut croire à une récession courte et modérée, sans impact sur l'emploi.
L'INSEE s'attend pour sa part à une contraction de 0,2% du PIB au 4ème trimestre 2022 et à un début d'année 2023 dans le rouge, avec une inflation à 7%... mais un rebond se dessinerait au 2ème trimestre (+0,3%), sous réserve que nos réacteurs nucléaires délivrent suffisamment d'énergie durant l'hiver, faute de quoi, notre industrie ne pourra pas tourner au rythme optimal et cela affectera négativement notre activité.
La tension des taux du jour s'explique principalement par l'avertissement que la BCE va 'en faire plus' et que le 'taux terminal' se situera au-delà de ce que le marché anticipe (probablement 3,50%, contre 3,00% espérés jusqu'à ce jeudi matin, ce qui se soldera par de la récession au 1er semestre selon le scénario privilégié par les marchés.
Prétendre échapper à la récession comme le prétend Christine Lagarde semble audacieux et peu d'économistes osent y croire : c'est même l'inverse puisque les marchés de taux pensaient que la BCE ferait preuve de réalisme face au risque récessionniste et s'abstiendrait de pousser le loyer de l'argent au-delà des 3%.
Jerome Powell a lui aussi prononcé un discours 'hawkish' (restrictif) hier soir en répétant notamment que l'institution comptait encore augmenter le loyer de l'argent et qu'il fallait pas s'attendre à une détente de taux avant fin 2023, et la certitude que l'inflation est terrassée.
Pour 2023, les taux devraient ainsi continuer à remonter au-delà de 5,1%, comme le montrent les estimations ('dot plot') fournies par les membres du comité de politique monétaire de la Fed.
Outre-Manche, la Banque d'Angleterre a rajouté 0,5% (à 3,50%) et indique qu'elle prévoit de continuer à relever ses taux : le ton a été jugé moins offensif qu'attendu et les 'Gilts' font un cavalier seul à la hausse, avec un rendement en repli de -4Pts vers 3,27%.
La séance s'annonçait également chargée sur le plan des statistiques aux Etats-Unis avec la publication de la production industrielle américaine a diminué de 0,2% le mois dernier, selon la Réserve fédérale, à comparer à une très légère augmentation espérée par les économistes.
La Fed souligne que la production se montre supérieure de 2,5% à son niveau de l'année précédente. Le taux d'utilisation des capacités industrielles s'est tassé de 0,2 point à 79,7%, niveau à peine supérieur, de 0,1 point, à sa moyenne de long terme (1972-2021).
L'indice d'activité manufacturière de la Fed de Philadelphie ('Philly Fed') s'est maintenu en terrain négatif en décembre, et ce pour le quatrième mois consécutif, mais a rebondi de 6 points par rapport au mois précédent pour atteindre -13,8.
L'indice 'Empire State' est retombé à -11,2 pour le mois en cours, contre +4,5 en novembre, alors que les économistes tablaient en moyenne sur un indice autour de l'équilibre.
C'est la composante des heures travaillées qui a le plus reculé, à -4,5 contre +6,9 le mois précédent, alors que le sous-indice des prix acquittés est resté stable.
Les inscriptions aux allocations chômage aux Etats-Unis ont reculé de 20.000 lors de la semaine du 5 décembre, s'établissant à 211.000 contre 231.000 (chiffre révisé) la semaine précédente, selon les données hebdomadaires du Département du Travail.
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