Rubis: la série noire boursière continue

Cercle Finance | 17 juil., 2018 13:29

(CercleFinance.com) - En baisse d'environ 8% ce midi à la Bourse de Paris, l'action Rubis, lanterne rouge du SBF 120 et du SRD, passe sous la barre des 48 euros. Un bureau d'études, Exane BNP Paribas, a dégradé son conseil sur le titre du spécialiste français de la distribution et du stockage de produits pétroliers. L'action a maintenant perdu plus de quart de sa valeur sur son sommet annuel de 64,25 euros, qui remonte seulement à début mai.

RUBIS
22,500
  • -2,34%-0,54
  • Max: 22,90
  • Min: 22,42
  • Volume: -
  • MM 200 : -
17:55 26/11/24

Qu'a annoncé Rubis dernièrement ? Au titre du 1er trimestre 2018, le groupe a fait état, le 9 mai, d'un CA en forte hausse de 36% à 1,2 milliard d'euros. La branche Energie (distribution), la première des trois, était bien orientée (+ 25% en données publiées et + 8% en organique, à 794 millions) et ses marges étaient stables, de même que la nouvelle division Support et Services (avec la raffinerie antillaise SARA) : + 103% et + 99% dans ces mêmes termes, à 336 millions de ventes.

En revanche, l'activité de la branche Terminal (le stockage) reculait pour sa part de 8%, en données brutes comme à chiffres comparables, pour revenir à 87 millions d'euros de CA. Le groupe invoquait, en Turquie où il détient un site à Dörtyol, près de Ceyhan, 'une baisse d'activité dû au contexte géopolitique régional, accentuée par la structure actuellement défavorable du marché à terme'. Mais la France était elle aussi en berne.

Certes, la branche Terminal est 'petite' en CA : 329 millions d'euros (+ 14,2%) en 2017, soit 8,4% des facturations totales de Rubis l'an passé. Mais elle avait alors dégagé un résultat opérationnel courant de 69 millions (un peu moins du cinquième du total 'groupe' ; + 27,8%) ainsi qu'une marge copieuse de près de 21%, plus de deux fois supérieure à celle du groupe dans son ensemble. Bref, 'Terminal' était en 2017, et de loin, la branche la plus rentable de Rubis.

Au passage, dans le document de référence 2017, Terminal est la première des trois divisions à être présentée. De plus, Rubis a renforcé en 2017 son exposition à Dörtyol en montant de 50 à 100% de sa filiale locale, Delta Petrol. Elément supplémentaire : sur ce même site, le groupe envisageait en 2018, toujours selon ce document, le 'lancement de la construction de 60.000 m3 de capacités de stockage de produits pétroliers'.

Comment expliquer le décrochage boursier du jour ? Le courtier Exane BNP Paribas est passé directement de l'achat à la vente (de 'surperformance' à 'sous-performance') sur le titre en sabrant sa cible de plus du quart, à 47 euros. A l'appui de leur changement de pied, les analystes citent des doutes sur le stockage et sur la présence du groupe en Iran, bientôt frappé de sanctions américaines.

En effet, le 12 janvier, Rubis a renforcé sa branche Bitume en annonçant le rachat de FCG, 'opérateur actif dans la production, le stockage et l'exportation de bitume à partir d'installations basées en Iran (Bandar Abbas - détroit d'Ormuz)', indiquait-il alors. Exane invoque aussi un consensus jugé trop optimiste, et une valorisation trop riche.

Bref, le titre Rubis souffre de nouveau d'une note de recherche. Ce qui s'est déjà produit récemment : en date du 26 juin dernier, Berenberg, un bureau d'études allemand connu pour suivre de près la valeur française, avait changé de pied : plus question de conseiller la valeur à l'achat, mais simplement de la conserver, en visant non 67, mais 62 euros.

D'un échange avec le directeur financier, Bruno Krief, les analystes de Berenberg soulignaient eux aussi une inquiétude sur la division Stockage : 'la faiblesse (de cette branche) constatée au 1er trimestre 2018 va probablement persister à court et moyen terme', pouvait-on lire dans une note, qui réduisait ses prévisions de résultat d'exploitation de 3% sur 2018 et 2019. En cause : la présence du groupe en Turquie, soit environ le quart du résultat opérationnel de la division Terminal, pénalisée par la volatilité des approvisionnements provenant du Kurdistan. Dernièrement, ces derniers étaient en baisse, et ils ne remontent guère.

Berenberg soulignait aussi, toujours dans cette branche, la perte d'un client en France et 'l'augmentation de la concurrence dans le secteur.' La contribution bénéficiaire du Stockage est donc attendue en baisse par Berenberg cette année, et ne devrait se reprendre que partiellement en 2019.

En clair, le marché semble craindre que la 'pépite' de Rubis, la branche Terminal, ne voit son profil de croissance et de rentabilité sensiblement et durablement dégradé.

Et maintenant ? Le prochain événement inscrit sur l'agenda de Rubis est la publication des comptes semestriels. Il faudra être patient : les comptes ne sont attendus que le 12 septembre.

EG

Copyright (c) 2018 CercleFinance.com. Tous droits réservés.

Les informations et analyses diffusées par Cercle Finance ne constituent qu'une aide à la décision pour les investisseurs. La responsabilité de Cercle Finance ne peut être retenue directement ou indirectement suite à l'utilisation des informations et analyses par les lecteurs. Il est recommandé à toute personne non avertie de consulter un conseiller professionnel avant tout investissement. Ces informations indicatives ne constituent en aucune manière une incitation à vendre ou une sollicitation à acheter.

contador