EDF: porté en Bourse par les rumeurs de 'renationalisation'

Cercle Finance | 14 févr., 2019 13:24

(CercleFinance.com) - A 15 euros, l'action EDF s'est reprise de près de 50% sur un ans, dont + 9% depuis le début de l'année, et a retrouvé des niveaux perdus de vue à l'automne 2015. Ce qui semble s'expliquer une combinaison de facteurs fondamentaux et spéculatifs.

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Bien sûr, la 'recovery' bénéficiaire d'EDF devrait se concrétiser un jour... mais pas demain 15 février, lorsque les comptes de 2018 seront publiés. Le consensus anticipe une chute d'environ 40% du bénéfice par action, à 0,60 euro environ, même si une reprise est anticipée en 2019 vers 0,80 euro, avant plus d'un euro en 2020. Autant dire cette perspective appelle confirmation.

Plus près de nous, c'est probablement la conséquence pour le groupe électronucléaire français des nouvelles orientations du gouvernement en matière énergétique qui porte le titre. Le tout alors qu'en Allemagne, les investisseurs ont observé les scissions et échanges d'actifs opérés par E.ON et RWE. Rien de tel n'est arrivé en France, du moins pour l'instant.

Hier, l'agence de presse Bloomberg a rapporté que l'Etat français envisagerait de racheter les 16,3% d'EDF qu'il ne détient pas encore contre environ huit milliards d'euros, avant de 'couper' le groupe en deux : dans une première société à capitaux publics seraient logés les actifs nucléaires, quand une seconde recevrait le reste, notamment les énergies renouvelables. Le capital de cette deuxième société pourrait être ouvert, notamment en Bourse, ce qui financerait pour partie le montant global que l'Etat devrait mobiliser.

Ce scénario 'à l'allemande' ne serait pas, d'ailleurs, sans rappeler un passé bien français. Rappelons qu'EDF avait introduit en Bourse, en 2006, sa filiale EDF Energies Nouvelles, avant de l'en retirer en 2017.

D'ailleurs, le marché est-il surpris ? Non pas. Par exemple UBS, qui a récemment détaillé un scénario similaire, a confirmé ce matin son conseil d'achat sur le titre en visant 17 euros. Le montant évoqué par Bloomberg suppose un rachat des actions EDF en circulation à 16,3 euros par titre, soit une prime de 13% sur le cours d'hier soir, calcule UBS. Qui ajoute que le montant de huit milliards pourrait évoluer, et que 'le titre est de toute façon sous-évalué'.

Un conseil partagé par Société générale, également à l'achat sur le dossier EDF en visant aussi 17 euros. Là encore, pas d'étonnement : 'S'ils sont confirmés, les projets évoqués dans l'article s'inscrivent dans le droit fil de notre argumentaire d'investissement exposé dans notre étude récente', indique une note. Certes, la restructuration complète prendra du temps. La prochaine étape ? 'Nous pensons que nous pourrions commencer à obtenir de plus amples informations à partir de cet été, c'est-à-dire quand la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) sera finalisée', estime SG. Et en attendant, 'nous nous attendons à ce que le titre réagisse à chacune des étapes du processus décisionnel', indique une note.

Ce qui pourrait faire grimper encore l'action EDF : au-delà de son scénario central, le plus probable, SG évoque un 'scénario optimiste' alternatif qui pourrait porter le titre jusqu'à 27,4 euros.

Et chez Oddo BHF ? Comme leurs confrères à l'achat sur le dossier, ces analystes visent pour leur part 18 euros. Mais ils sont prudents quant à l'information de Bloomberg : 'Si le gouvernement opte pour la nationalisation, le processus sera long et nécessitera l'approbation des autorités antitrust européennes', avertissent-ils.

Des huit milliards évoqués par l'agence de presse, Oddo BHF déduit un prix d'OPA pour cette 'renationalisation complète d'EDF' de 17 euros par action, proche du niveau calculé par UBS. Avec cette nuance de taille : 'dans un contexte social tendu, il apparaît difficile de justifier auprès de l'opinion publique une prime de 17% versée par l'Etat aux actionnaires minoritaires d'EDF'. Bref, estime Oddo BHF, 'ce scénario est probablement à l'étude mais il reste une proposition parmi d'autres'.

Et une note de rappeler ce qu'envisage d'Oddo BHF, à savoir : 'la possibilité pour l'Etat de détourer les actifs nucléaires, y compris une partie de la dette, à un coût nul pour les finances publiques. Notre scénario a l'avantage de ne pas toucher aux activités concurrentielles (fourniture d'énergie, production non nucléaire...) et de permettre un transfert d'actifs et de passifs à somme nulle pour les finances publiques. L'Etat bénéficierait de la même manière de la revalorisation des actifs non nucléaires d'EDF à travers sa participation de 86% dans EDF SA sans devoir payer de primes aux actionnaires actuels', rappelle une note.

Avant de conclure : 'Pour un prix base load du nucléaire de 48 euros/MWh, notre scénario alternatif permettrait une revalorisation d'EDF comprise entre 21,4 et 24 euro par action.' Bref, ces trois bureaux d'études semblent d'accord sur la sous-valorisation du dossier EDF, malgré sa récente reprise. A suivre.

EG

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