Taux : flambée des taux, sur renversement des anticipations
(CercleFinance.com) -Etonnante flambée des taux alors que l'aversion pour le risque ressurgit brutalement sur les marchés 'actions' (victimes de la 2ème plus lourde correction de l'année).
Mais la raison de la chute de l'ensemble des classes d'actifs s'explique par les mêmes chiffres publiés aux Etats Unis ce jeudi et qui témoignent d'un regain de vigueur de l'emploi, dopé par la hausse d'activité du secteur des 'services' (loisirs, hôtellerie).
Les T-Bonds US se tendent de +13Pts à 4,07% alors que la probabilité d'une hausse du taux directeur à 5,50% atteint 92,5% fin juillet, et 70% mi septembre
Les marchés obligataires européens (refuge traditionnel face à la volatilité des indices boursiers) chutent encore plus lourdement que les T-Bonds et les rendements se tendent symétriquement de +16Pts à +17Pts de base sur les Bunds et OAT, à 2,63% et 3,19% respectivement (nos OAT ont même atteint 3,2%, leur pire score depuis le 6 mars, au-delà des pires niveaux fin décembre 2022 (3,16%).
Et c'est encore pire au Sud avec des BTP italiens affichant +20Pts à 4,37%, +17Pts sur les Bonos espagnols à 3,702%.
Seuls les Gilts Britanniques font pire avec +21Pts à 4,7020% (contre 4,63% fin septembre 2022, un niveau de 'crise aiguë'), du jamais vu depuis 2008 (et le '6 mois' atteint 5,80%).
Les opérateurs se montreraient soudain inquiets des effets de la politique monétaire de la Réserve fédérale.
Ils jusqu'à présent négligé ou ignoré tous les rappels de la FED sur la nécessité de poursuivre une politique monétaire restrictive face au risque inflationniste et ne relâchera pas son effort avant que la trajectoire de prix ne valide l'objectif de 2%.
Selon les 'minutes' de la Fed, l'économie américaine - sous l'effet de la remontée des taux d'intérêt - pourrait se diriger vers une récession d'ici à la fin de l'année.
Une affirmation largement démentie par les nombreux indicateurs économiques publiés dans l'après-midi, et notamment la très attendue enquête ADP sur l'emploi privé, les inscriptions aux allocations chômage et l'ISM des services.
Et grosse surprise : les embauches dans le secteur privé ont fortement augmenté le mois dernier aux Etats-Unis (+497.000, 2 fois plus que prévu), apportant un nouveau signe de la vigueur du marché américain du travail
C'est un regain spectaculaire après les 278.000 créations d'emplois du mois de mai... déjà considéré comme un score 'robuste').
D'après ADP, ce sont les secteurs des loisirs, de l'hôtellerie, des transports, de l'éducation et de la santé qui ont été les plus dynamiques.
Autre surprise, la croissance du secteur tertiaire aux Etats-Unis a augmenté bien plus que prévu en juin, de 50,3 vers 53,9, selon les résultats de l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM) auprès des directeurs d'achats (le consensus prévoyait en moyenne un rebond plus limité, autour de 51,3).
Le sous-indice de l'activité s'envole vers 59,2, après 51,5 le mois précédent, tandis que celui des nouveaux contrats a progressé à 55,5 contre 52,9.
La composante des prix acquittés est l'une des rares à s'inscrire en repli, à 54,1 contre 56,2, alors que le sous-indice de l'emploi s'est lui amélioré à 53,1 contre 49,2.
Publié un peu plus tôt, l'indice concurrent PMI de S&P Global est ressorti en baisse à 54,4 en juin, contre 54,9 en mai, un niveau qui laisse toutefois présager d'une croissance du PIB de près de 2% au deuxième trimestre, selon les auteurs du rapport.
Autre chiffre intéressant : le déficit commercial des Etats-Unis s'est contracté de -7,3% à -74,4Mds$ au mois de mai en raison d'importations qui se sont réduites à un rythme plus rapide que celui des exportations.
Mais le ,fait majeur, c'est la baisse globale des échanges : les exportations de biens et services ont diminué de 0,8% à 247,1 milliards de dollars, notamment en raison d'un repli des livraisons de soja.
Les importations ont, elles, baissé de 2,3% à 316,1 milliards du fait d'un repli des livraisons de produits pharmaceutiques et de matériels industriels.
Enfin, le nombre d'inscriptions aux allocations chômage aux Etats-Unis a augmenté de 12.000 lors de la semaine du 26 juin, ressortant à 248.000, selon le Département du Travail, contre 236 000 la semaine précédente (ce dernier chiffre a été révisé à la baisse par rapport aux 239 000 initialement annoncés).
Mais au-delà des publications du jour, ce sont surtout les chiffres de l'emploi, attendus demain, qui risquent de modifier les anticipations du marché (soft landing) et de dissiper le climat de complaisance qui régnait depuis fin mars.
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