Casino: en France, la tendance des ventes se dégrade
(CercleFinance.com) - En baisse de plus de 4% ce midi à la Bourse de Paris, l'action du distributeur Casino figurait parmi les plus fortes baisses d'un indice SBF 120 stable. En cause : la dégradation de la tendance des ventes du groupe en France au 1er trimestre.
Les 100 euros, que l'action Casino frôlait encore au milieu de l'année 2014, restent à bonne distance. Schématiquement, le groupe a d'abord été plombé par l'inquiétude des investisseurs devant la lourdeur de son endettement, alors même que l'accroissement de la concurrence, provenant notamment de l'e-commerce, faisait pression sur les marges. Casino a réagi en se désendettant significativement par de multiples cessions, et en amendant sa stratégie. Soit, mais cela ne suffit pas à convaincre les agences de notation : après Moody's au début du mois, l'agence de notation-crédit Standard & Poor's a dégradé son appréciation de la dette du groupe cette semaine.
D'un point de vue opérationnel, Casino ne ménage pas ses efforts pour développer ses ventes en ligne en nouant des partenariats avec Ocado, groupe britannique qui a mis au point tout un système de gestion des livraisons, ou avec Amazon, le géant américain. Et en mettant l'accent sur le 'bio', segment du marché alimentaire en forte croissance.
Rien n'y fait : remontée début mars dans la zone des 47 euros, l'action Casino souffre de nouveau depuis lors. Revenue en début de semaine vers 38 euros, elle perd 4% ce midi à la Bourse de Paris, vers 36 euros, après la publication du point d'activité trimestriel du groupe contrôlé et dirigé par Jean-Charles Naouri. La capitalisation boursière de Casino repasse ainsi sous la barre des quatre milliards d'euros - ce qui représente moins de 30% de celle de Carrefour. Sans oser la comparaison avec Amazon, dont la valorisation boursière dépasse les 800 milliards dans la monnaie unique européenne.
Rappel de l'épisode précédent. Au terme de l'exercice 2018, et en données comparables (hors essence et calendaire), le CA du groupe avait augmenté de 4,7%, à 36,6 milliards d'euros. 'En France, l'activité est marquée par le succès commercial de l'ensemble des formats', écrivait le groupe le 14 mars. Le CA de la division 'France Retail', soit 19,1 milliards d'euros ou 52,1% du total, progressait dans ces mêmes termes de 1,2%. 'Le volume d'affaires total s'inscrit en hausse de 2,8 %', ajoutait Casino.
Quid de ce début d'année 2019 ? Toujours en données organiques (hors essence et calendaire), la dynamique s'est pratiquement maintenue à l'échelle du groupe : + 4,3% au 1er trimestre, à 8,9 milliards d'euros. Cela étant, la France a viré au rouge et se contracte de 1,5%. Ce qui se retranscrit dans le 'volume d'affaires total' national (avec Cdiscount), qui n'augmente plus que de 0,8%.
Casino se veut rassurant : il évoque les 109 fermetures de magasins à l'enseigne Leader Price sur 12 mois, sans lesquelles le taux passerait de - 1,5% à... 0%. Soit, mais le consensus visait + 0,4%. Le groupe ajoute qu'après un effet négatif 'gilets jaunes' en début d'année (marqué à Paris où ses enseignes sont très représentées), il 'retrouve depuis mars une amélioration de sa dynamique commerciale et poursuit sa forte croissance sur les segments porteurs', le 'bio' et l'e-commerce.
Quoi qu'il en soit, les analystes s'inquiètent. 'En France, Casino enregistre sa plus faible performance en termes de ventes comparables (le 0%, ndlr) de ces deux dernières années', déplore Barclays. 'Si la stratégie aura probablement un impact positif sur le résultat d'exploitation, nous doutons que les performances de Casino en France s'améliorent à court terme, puisque la base de comparaison deviendra plus difficile durant les trimestres qui viennent', ajoutent-ils.
Barclays relève aussi la baisse des ventes de Cdiscount en France, et s'interroge sur la décision d'installer 1.000 casiers de retrait d'achat Amazon (dit 'lockers') dans les boutiques de Casino en France, les analystes redoutant une 'cannibalisation'.
Les analystes d'Oddo BHF ajoutent : 'nous sommes (...) un peu surpris par la stabilité des (ventes en données comparables, toujours le 0%, ndlr) au 1er trimestre 2019 au regard d'un marché alimentaire en progression de 1,5% (source : Kantar), mais surtout des informations complémentaires donnés par le groupe', à savoir : un 'effet mix positif en raison de la montée en gamme de ses consommateurs (ventes bio +11% par exemple), (l')évolution favorable du trafic de +2% tant chez Monoprix que chez Franprix, impact positif du développement online (partenariat Amazon), redressement des ventes textile chez Monoprix...).'
'Ces éléments (positifs en marge d'après le groupe) n'ont, a priori, pas été suffisants pour compenser la diminution du panier moyen', relève Oddo BHF. Et les spécialistes de conclure : 'cette évolution est à surveiller lors des prochains trimestres', qui, confirme Oddo BHF, seront marqués par un durcissement de la base de comparaison.
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