Alstom: un groupe désormais plus 'OPAble'
(CercleFinance.com) - Certes, l'action Alstom recule à la Bourse de Paris après la vente par Bouygues d'environ la moitié de sa participation. Reste que le titre de l'équipementier ferroviaire se traite non loin de ses sommets en près de 10 ans, et que son caractère 'OPAble' s'est renforcé.
En baisse de 5%, l'action Alstom revenait, à 37,4 euros, non loin - mais au-dessus - du cours auquel son premier actionnaire, Bouygues, a placé 13% du capital auprès d'investisseurs institutionnels. Intervenue à 37 euros par action, cette opération à 1,1 milliard s'est concrétisée selon une décote de 6% sur le cours de la veille au soir. Etant donné l'importance du placement, ce 'discount' n'est pas très élevé, signalant ainsi un certain intérêt des investisseurs.
D'ailleurs, le 'timing' semble plutôt bien choisi. Pour mémoire, Alstom a payé en juillet un dividende d'un montant exceptionnel de 5,50 euros par action. Objectif : retourner aux actionnaires - dont évidemment Bouygues - une partie du cash excédentaire provenant de la cession de la branche Energie (les turbines pour centrales électriques) à General Electric.
Un peu d'histoire. Lorsque Bouygues est entré au capital d'Alstom, en 2006, la société - qui venait d'être 'sauvée' par l'Etat - disposait de deux activités, ferroviaire et énergétique. Jusqu'au début de l'année 2008, tout allait bien et le titre a atteint (retraité des coupons) les 70 euros. Mais par la suite, il s'est effrité jusqu'à tomber, au printemps 2016, sous les 20 euros.
L'avenir du groupe était alors incertain, sinon menacé, mais ces paramètres ont bien changé. D'abord, la branche Energie, qui traversait une passe difficile en raison de la faiblesse de la demande pour les centrales électriques thermiques et nucléaire, est sortie du périmètre.
Alstom est ainsi devenu un 'pure player' des équipements ferroviaires, activité fort bien orientée doublée d'un carnet de commandes record gage de visibilité. De plus, ce titre plus simple à valoriser s'inscrit dans les thématiques prisées des infrastructures et du 'développement durable'. Cerise sur le gâteau : le groupe se retrouvait, après cette cession, en situation de trésorerie nette.
Dernier élément nouveau : le tour de table. Finalement, l'Etat français n'a pas exercé l'option qui aurait pu lui permettre d'entrer au capital. Cette première hypothèque 'capitalistique' levée, il en restait une autre : Bouygues, dont l'intention de réduire son exposition à Alstom n'est pas un mystère. Or la fusion avec Siemens Mobility, qui aurait pu permettre d'amorcer le mouvement, a cette année été interdite par la Commission européenne.
Tant qu'elle était en suspens, la 'sortie' de Bouygues est de nature à peser sur le titre. Mais avec la cession qui vient d'être réalisée - dans de bonnes conditions puisque l'action Alstom a atteint cette année, vers 42,7 euros, son plus haut niveau depuis le printemps 2010 -, cette hypothèque est progressivement levée.
Bien sûr, à l'issue de l'opération, Bouygues - toujours premier au tour de table - détient encore 14,7% du capital. Mais il est sur le départ. Et le caractère 'OPAble' d'Alstom en ressort accru alors que la consolidation du secteur ferroviaire est toujours dans l'air.
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