(CercleFinance.com) - Les marchés obligataires US enregistrent leur plus spectaculaire baisse des rendements depuis le lendemain du krach du 19 octobre 1987 : le '2 ans' US a effacé jusqu'à -110Pts en 48H, entre 5,09 et 3,99%, le '1 an' -65Pts à 4,35%, le '6 mois' -60Pts entre 5,21 et 4,61%.

Les -50Pts du lendemain des attentats du 11/09/2011 et surtout les -100Pts en quelques séances de mi-mars 2020 (la FED réduisant d'un coup ses taux à zéro avec le déclenchement des confinements) sont surpassés: cela pourrait signifier que le pire est à nos portes, mais les indices boursiers sont loin d'avoir perdu -25 ou -35% à ce stade.

Mais les marchés semblent penser qu'un basculement majeur (avec des risques systémiques colossaux) vient de survenir le vendredi 10 mars, ce que la mobilisation des plus hautes autorités politiques et monétaires des USA semble confirmer.

L'affaire est évidemment l'archétype d'un 'cygne noir' : la preuve c'est que tout le monde était sur le pont ce weekend, à savoir la Maison Blanche, le Trésor, la FDIC, la FED, la SEC, etc.

Avec la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB, basée en Californie, 210Mds$ d'actifs) et de Signature Bank (basée à New York,110Mds$ d'actifs), les investisseurs redécouvrent que le système financier restait vulnérables dans un contexte de remontée des taux d'intérêt (qui dévalorise les stocks de Bons du Trésor qui servent de garantie, en tant que quasi-liquidités) et de ralentissement de l'activité qui fragilise les emprunteurs.

A noter un vent de panique dès l'ouverture de Wall Street ce lundi sur First Republic et Western Alliance avec -75% à -80%, Zions Bancorp -45%, Charles Schwab -40%, Comerica -33%...).

Le nom de Bank of America circulait également, mais en tant que banque 'systémique' elle n'a rien à craindre : soutien de la FED et du Trésor garantis.

Joe Biden a déjà pris la parole pour souligner la 'solidité' du secteur bancaire US et assurer qu'il ne s'agit pas d'un 'bail out' (sauvetage par de l'argent public) et qu'il s'agissait de la mise en oeuvre de mécanismes de garantie temporaire (de fait illimitée) des avoirs des clients des banques (lesquelles se voient offrir en cas de besoin une ligne de 25Mds$ de crédit).

Autre motif de soulagement, la Fed a garanti ce week-end que tous les clients (particuliers et entreprises) de la banque californienne et New Yorkaise pourraient disposer dès ce lundi de l'intégralité de leurs fonds.

Cela peut éteindre l'incendie et éviter un 'bank run' côté établissements de crédit, mais cela entraine une autre conséquence spectaculaire : un renversement complet des anticipations de politique monétaire des banques centrales, avec ce qui s'apparenterait à un abandon -ici et maintenant- de la lutte contre l'inflation, parce qu'entre 2 maux, il faut choisir le moindre.

L'inflation n'expose pas le système financier -surchargé de dettes, états comme particuliers- à une désintégration immédiate : la désintégration des classes moyennes sera en revanche inéluctable... mais sournoise et lente, ce qui évitera un chaos social au printemps.

L'inflation sera au coeur des préoccupations des marchés demain avec la publication du 'CPI' US : dans l'attente, et comme les investisseurs pensaient ne plus rien avoir à redouter, le '10 ans' américain se détend de -20Pts à 3,50%, le '30 ans' de -10Pts à 3,60%.

Les marchés parient à plus de 52% contre 48% sur l'arrêt immédiat du cycle de hausse de taux par la FED (0,00% en mars contre 0,50% anticipé jeudi dernier, et peut-être plus rien ensuite): la lutte contre l'inflation serait tout simplement abandonnée ipso facto !

C'est un bouleversement majeur.

Et son retentissement est déjà planétaire : les anticipations en Europe basculent également et ce sont 2 hausses de taux prévues qui sont effacées en 48 heures de cotations.

Après plus de 25Pts de baisse entre jeudi et vendredi (partant de 3,235%), nos OAT effacent -21Pts supplémentaires à 2,80% (après 2,70% au plus bas), les Bunds allemands se détendent de -23Pts à 2,26%... mais les BTP italiens seulement -15Pts à 4,17%.

Avec le plongeon historique des rendements obligataires, l'or s'envole de +2£ supplémentaire (autant que vendredi) et se hisse vers 1.905$, pulvérisant la résistance des 1.875$.

Outre-Manche, la volatilité intraday fut également à couper le souffle avec -40Pts entre 3,64 et 3,248% avant une tentative de stabilisation à -25Pts vers 3,3930%.

Cette séance du 13 mars mérite pleinement le qualificatif de journée historique avec une volatilité en termes de baisse des rendements sans précédent depuis les séances de paroxysme de stress de mi-mars 2020 avec la crise Covid et la réponse fulgurante de la FED ('QE' massif et taux zéro) et des autres banques centrales.

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