(CercleFinance.com) - Lanterne rouge du SBF 120, l'action Rubis est en repli de près de 10% à la Bourse de Paris après la publication, hier soir, de comptes semestriels décevants. Le désengagement de l'Iran a pesé et la branche Terminal reste en difficulté. L'action retombe, aux environs de 45 euros à comparer avec un plus haut récent vers 64 euros, à son niveau du printemps 2017. Cependant, plusieurs analystes demeurent optimistes en pariant sur des acquisitions.

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Durant la première moitié de l'exercice 2018, le distributeur et 'stockeur' de produits à dominante pétrolière a certes enregistré un CA en forte hausse : + 22% à 2,4 milliards d'euros, dopé par les acquisitions récentes à Haïti et Madagascar. Cela étant, l'EBITDA s'est tassé de 3% à 258 millions alors qu'il était plutôt attendu vers 285 millions.

Idem pour le résultat opérationnel courant : bien qu'en hausse de 14% à 202 millions, le marché anticipait un chiffre de l'ordre de 215 millions. Par segment, la contribution de la division Energie (schématiquement, la distribution ; + 19% à 150 millions) se tient fort bien grâce à la hausse des volumes, ainsi d'ailleurs que la branche Support & Services (ce qui comprend la raffinerie antillaise SARA ; + 12% à 42 millions).

En revanche, la rentable division Terminal (le stockage) voit son résultat opérationnel courant chuter de 34% à 21 millions. En cause : toujours les difficultés du terminal turc, alors que le pétrole du Kurdistan irakien prend plutôt la route du Sud que celle du Nord, via la Turquie. Mais aussi une situation toujours compliquée en France.

Au final, le bénéfice net semestriel de Rubis recule de 7% à 129 millions d'euros (1,35 euro par action ; - 11%). Les comptes ont également été grevés par 'des facteurs externes à caractère non récurrent', par exemple le désengagement de l'Iran où le groupe avait annoncé une acquisition en début d'année, et donc le dénouement des partenariats régionaux correspondants, par exemple avec l'Inde. Impact : 'un résultat net d'impôt négatif de 15 millions d'euros', indique la société.

Enfin, en guise de prévisions, Rubis indique : 'à l'exception de la Turquie, l'activité opérationnelle devrait poursuivre sa progression sur le second semestre', en évoquant d'éventuelles acquisitions, selon son modèle historique. Soit, mais si le dossier iranien semble désormais soldé, les difficultés turques devraient donc rester à l'ordre du jour.

Qu'en retenir ? D'un point de vue boursier, l'action Rubis a désormais perdu environ 30% relativement au sommet historique supérieur à 64 euros atteint début mai. Vers 45 euros, voilà l'action revenue à ses niveaux du printemps 2017.

Très schématiquement, Rubis a réussi ces dernières années, avec indéniable succès, à étendre son modèle économique reposant sur la conquête de parts de marché importantes dans les régions caraïbe (plus de 50% des volumes de la division Energie) et Afrique (environ 30%), à comparer avec environ 20% pour l'Europe.

Mais son implantation plus récente au Moyen-Orient, qu'il s'agisse de la Turquie ou de l'Iran, ne se passe pas aussi bien et entraîne, en partie en raison de la politique de Donald Trump, mais pas seulement (la politique intérieure irakienne joue également), des déconvenues auxquelles les actionnaires n'étaient pas habitués.

Comment a évolué le consensus bénéficiaire ? A ce jour (soit avant la prise en compte des dernières nouvelles), les bénéfices par action Rubis attendus en 2018 (3,09 euros) et 2018 (3,26 euros) n'ont pratiquement pas bougé un en an. Mais il y a fort à parier que ces semestriels vont entraîner des révisions en baisse et les PER de l'ordre de 14 fois sont donc probablement apparents.

Reste que Rubis a de la ressource : rappelons que son dividende 2017 a été porté à 1,50 euros, soit un taux de distribution raisonnable et un rendement, aux cours actuels, supérieur à 3%. Voilà qui pourrait aider le titre à trouver un niveau plancher.

En outre, la direction dispose d'un savoir-faire rare en matière d'acquisitions relutives et rapidement intégrées. Rubis ne manque d'ailleurs par de fonds : son endettement net, soit 545 millions, ne représente que 25% des fonds propres contre 33% un an plus tôt, et à peine plus d'une fois l'EBITDA.

Qu'en pensent les analystes ? Chez Portzamparc, on reste d'avis de conserver le titre en visant 53,9 euros. 'Malgré ces effets, déjà identifiés, la croissance 2018 devrait rester solide. Une acquisition structurante constitue toujours le principal catalyseur', indique une note de recherche, qui chiffre la capacité d'acquisition du groupe à environ 600 millions d'euros.

Idem chez Oddo BHF, qui reste acheteur du dossier en visant 58 euros malgré l'écrêtement de ses prévisions. 'L'essentiel du potentiel par rapport au cours actuel provenant des opportunités d'acquisitions (marge de manoeuvre financière estimée à plus de 500 millions d'euros sans besoin d'appel au marché), aucune opération significative n'ayant eu lieu depuis plus d'un an', écrivent les spécialistes.

A suivre sur l'agenda de Rubis : les ventes du 3e trimestre, au soir du 8 novembre.

EG

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