(CercleFinance.com) - Dans un environnement de plus en plus troublé, une action tire particulièrement bien son épingle du jeu à la Bourse de Paris : celle d'Orange. Alors que ces trois derniers mois, le CAC 40 a cédé 7,7%, le titre de l'ex-France Telecom s'est adjugé 8,4%, soit la plus forte hausse de l'indice sur la période et une surperformance massive de 16 points de pourcentage.
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Il serait tentant de chercher l'explication de cette tendance dans les comptes du groupe. En effet, ces dernières années, Orange est parvenu à renouer avec la croissance en France, marché où le groupe fut étrillé, des années durant, par la concurrence de Free dans le fixe, puis le mobile.
Où en est-on de ce point de vue ? Sur les neuf premiers mois de l'année, le CA de 30,6 milliards d'euros affiche une croissance organique modeste de 1,3%. Au 3e trimestre, elle est retombée à 0,6%, signe que la concurrence s'est intensifiée ces derniers mois, à l'instigation notamment de SFR.
Mais cela n'empêche pas la rentabilité du groupe de s'améliorer : toujours en données comparables, l'EBITDA ajusté (9,7 milliards d'euros) progresse de 3,2% sur neuf mis, et toujours de 3% au 3e trimestre. De janvier à septembre, la marge passe de 31,2 à 31,7%, ce qui traduit notamment l'effet continu des mesures d'économies ainsi que le succès de la fibre optique.
Quid du bilan ? Certes, Orange porte une dette financière nette élevée de 25,3 milliards d'euros à fin juin dernier, mais elle représente à peine 2 fois l'EBITDA annuel, un ratio raisonnable dans l'absolu, et aussi relativement à celui d'Altice Europe, la maison mère de SFR (près de 6 fois).
Depuis des années, la thématique de la concentration des opérateurs télécoms français, qui en attendant s'écharpent les uns les autres à coups de promotions, refait surface. Tel a dernièrement été le cas de la part du directeur général d'Altice Europe et d'Altice France, Alain Weill.
Orange est-il susceptible d'y participer, comme les négociations finalement avortées au printemps 2016 entre le groupe et Bouygues Telecom pourraient le laisser penser ? Pas sûr : d'une part, jamais en Europe un opérateur historique n'a participé à une concentration. D'autre part, la Commission européenne ne voit pas ces opérations d'un bon oeil, elle qui en a bloqué plusieurs par le passé, par exemple au Danemark.
Cette thématique n'aurait-elle aucun poids chez Orange ? Rien n'est moins sûr, d'abord car les investissements dans la téléphonie mobile 5G vont être importants. Or chez Orange par exemple, les dépenses en capital dépassaient les cinq milliards d'euros sur les neuf premiers mois de 2018, chiffre en hausse de 6% en données comparables qui représente rien de moins que 16,7% du CA. Et puis un amoindrissement de la concurrence profite aussi aux acteurs qui ne participent pas aux concentrations.
D'ailleurs, les choses pourraient changer. Considérons les Pays-Bas : dans ce pays, la Commission a récemment autorisé, sans condition, le rapprochement des opérateurs mobiles Tele2 et T-Mobile Netherlands.
Credit suisse n'a guère attendu : il vient de repasser à l'achat sur l'action KPN, l'opérateur historique national et donc homologue d'Orange, en tablant sur une amélioration des résultats. La concentration est le premier des arguments développés : 'nous tablons désormais sur un retour à la croissance de l'EBITDA (de KPN) sur la période 2019-2021 grâce à l'amélioration des tendances sur le marché mobile néerlandais, (au) changement favorable de stratégie dans la fibre (et) à une mise en oeuvre satisfaisante des économies', indiquent les analystes. A suivre.
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