(CercleFinance.com) - L'action Alstom s'adjuge près de 3% à la Bourse de Paris. Les investisseurs préfèrent saluer les comptes semestriels très bien orientés de l'équipementier ferroviaire français, plutôt que les risques menaçant son projet de fusion avec la division Mobility de l'allemand Siemens.
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En effet, au terme du 1er semestre 2018/2019 clos le 30 septembre dernier, les ventes d'Alstom ont décollé de 20% (+ 23% en données organiques, soit une accélération après + 17% au 1er trimestre), à quatre milliards d'euros. La direction vise toujours environ huit milliards de ventes sur l'ensemble de l'exercice, ce qui semble à portée et promet un second semestre aussi dynamique que le premier.
Le résultat d'exploitation ajusté décolle de 58% à 285 millions et fait bondir la marge semestrielle de 5,4 à 7,1%. Le mix produit n'ayant pas évolué, cette amélioration provient donc du levier exercé par les volumes sur les comptes - et des mesures d'économies. Enfin, alors que le bénéfice net semestriel fait plus que tripler, à 563 millions d'euros, Alstom vise toujours une marge opérationnelle ajustée allant 'jusqu'à 7%' sur l'exercice.
Maintenues, les 'prévisions maison' pour 2018/2019 semblent donc toutes deux devenues conservatrices. L'avenir d'Alstom se présente d'autant mieux que les commandes reçues ont décollé de 130% sur le semestre, portant le carnet à un montant record de 38,1 milliards d'euros (+ 11% en données comparables). Ce qui 'fournit une visibilité importante sur les ventes à venir', commente le PDG Henri Poupart-Lafarge.
Le patron du groupe affirme aussi : 'nous continuons de progresser sur le rapprochement avec Siemens Mobility', ce 'méga-deal' qui donnerait naissance à un géant européen des équipements ferroviaires, sorte de 'Railbus' de nature à faire pièce au géant CRRC qui s'est constitué en Chine. La finalisation de l'opération reste attendue au premier semestre 2019.
Si, bien sûr, la Commission donne un aval toujours en attente. Or le média Politico Europe rapportait hier, sur la foi de deux sources, que le régulateur européen de la concurrence estimerait, en l'état, cette fusion 'incompatible' avec les règles du marché intérieur.
En raison de la position dominante qu'occuperait l'ensemble Siemens Mobility-Alstom, des cessions importantes pourraient donc être exigées dans pratiquement tous les segments : Politico cite les trains à grande vitesse, les équipements de signalisation et de contrôle, les trains régionaux et les métros.
Ces concessions, qui selon Politico seraient lourdes, vont-elle remettre en question la logique de la fusion ? A en juger par l'évolution de l'action Alstom, on serait tenté de l'écarter. Mais à Francfort, le titre Siemens perd 1,4%, soit davantage que l'indice DAX 30 (- 1%). Bref, aujourd'hui en Bourse, Alstom fait cavalier seul.
Uniquement en Bourse ? C'est la question que se posent les analystes d'Aurel BGC au vu des comptes stellaires présentés par Alstom. Est-il 'nécessaire que la société se rapproche de son concurrent allemand ? Cette interrogation n'est pas neuve, mais elle pourrait se poser avec plus d'acuité. D'autant que les autorités européennes ne semblent pas convaincues par le caractère immédiat de la menace chinoise'. A suivre.
EG
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